HISTORIQUE

La chapelle funéraire de Seigne est une œuvre architecturale unique en France, qui date de l’époque de la Renaissance.

 

 

L'origine de cette chapelle du cimetière, à Bléré, fut longtemps ignorée.

 

Des documents appartenant à l'abbaye de Villeloin délivrèrent la réponse « Dans le cimetière de l'église de Bléré, hors-la-Ville, renfermée de petits murs, se voit une chapelle dédiée en l'honneur de Saint Jean Baptiste, de la fondation de Monsieur Seigne, Escuyer, Seigneur de Bois-Pateau, de Bois-Ramé, Gouverneur de Montrichard, fils de Guillaume de Seigne. » (Histoire des Anciens Comtes d'Anjou, Généalogie de Seigneurs de Bléré).

 

Elle fut édifiée en 1526 par Jehan de Seigne à la mémoire de son père, Guillaume de Seigne, Trésorier Général de l'artillerie du roi, Seigneur Boispateau et de La Lande.

La Chapelle vers 1914
La Chapelle vers 1914

On ne sait rien d’autre sur la chapelle avant la fin du XVIIIème siècle, où l’on trouve les premiers écrits sur le bâtiment, lorsqu’en 1776, il est demandé aux paroissiens de Bléré de se choisir un nouveau cimetière, hors la ville, afin d’obéir à l’ordonnance royale du 10 mars 1776. Les habitants optent pour un terrain appelé le Grand Cimetière, situé loin du bourg et dans lequel se trouve la chapelle des seigneurs de Seigne, en mauvais état.

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Dans ce contexte, l’archevêque de Tours, demande aux paroissiens de Bléré d’opérer une restauration afin de pouvoir y célébrer des offices. Après un premier refus de la part des habitants, le curé parvient à s’allouer le soutien du marquis de Bercy, seigneur de Bléré. Pourtant suite à un nouveau revirement de situation généré par l’intendant de Tours, M Ducluzel, seuls les murs du cimetière sont restaurés et la chapelle reste à l’état de ruines.

La Chapelle en 2021
La Chapelle en 2021


Alors intervient Pierre Couëseau, notaire et procureur fiscal, déclarant qu'il est chargé de la part de M. le Marquis de Bercy, seigneur de cette paroisse, de payer la moitié du prix desdites réparations, à la condition qu'après leur perfection, l'entretien de ladite chapelle sera à la charge de ladite fabrique, et non des habitants. Cette déclaration, dont le sens au moins devait être connu des habitants avant l'assemblée, n'avait pas manqué sans doute d'influer sur leur nouvelle décision.

Mais celle-ci ne devait pas être suivie, car le 28 janvier 1777, François- Pierre Ducluzel rendait une ordonnance dans laquelle, après avoir visé la délibération du 15 décembre 1776, il commettait un expert chargé de dresser un devis des travaux à exécuter pour le nouveau cimetière et d'en faire l'estimation, mais sans entrer dans aucun détail concernant les réparations qui pourraient être à faire à la chapelle étant dans ledit cimetière, qui ne peuvent être à la charge des habitants. »

 

 

A partir de l'automne 1777, les inhumations à Bléré n'eurent plus lieu dans l'église ou ses alentours, comme l'ordonnance royale l'avait interdit, mais à nouveau dans l'enclave du champ de repos, comme l'atteste le plan de l'an X (1801). Cet endroit avait déjà servi de cimetière plusieurs siècles auparavant.

 

En 1797, le 7 messidor an 6, l'Administration d'Indre-et-Loire s'inquiète du sort de la chapelle dans une lettre aux Administrateurs municipaux de Bléré :

L'Administration vient d'être informée, citoyens, qu'il existe dans le champ de repos de la commune de Bléré un ancien bâtiment en ruine, et dont les matériaux se dilapident. Si le fond n'est pas aliénable ; au moins les matériaux doivent l'être comme mobilier national. Veuillez, citoyens, nous informer sans délai de l'état des choses pour nous mettre dans le cas d'exécuter à cet égard l'arrêté du Directoire exécutif du 23 nivôse dernier, et, en attendant, prendre les mesures que votre prudence vous suggérera pour mettre cet objet à l'abri des dilapidations.

 

Salut et fraternité. 


Plan du « Champ de Repos » de Bléré le 20 Thermidor an X (8 août 1802) avec emplacement de la Chapelle de Guillaume de Seigne
Plan du « Champ de Repos » de Bléré le 20 Thermidor an X (8 août 1802) avec emplacement de la Chapelle de Guillaume de Seigne

Le 29 messidor, l'Administration centrale « arrête que l'Administration municipale de Bléré nommera un commissaire pris dans son sein à l'effet de faire l'inventaire estimatif des matériaux provenant des ruines de l'édifice servant autrefois de chapelle, situé dans le champ de repos de la commune de Bléré, édifice absolument inutile pour le service de la commune, pour en vendre les matériaux en exécution de l'arrêté du Directoire exécutif du. 23 nivôse dernier comme mobilier national. »

Si nous ignorons la réponse donnée à cet arrêté, il est certain que « l'administration centrale considérant qu'il est de son devoir de veiller à la conservation des propriétés nationales et de les utiliser au profit de la République » ne donna point suite à la destruction de la chapelle, mais nous ne trouvons, non plus, aucune trace de réparation.

 

 

Quelques années plus tard, Marguerite Pelouze, propriétaire du château de Chenonceau, confie à l’architecte Félix Roguet, qui a la charge de restaurer Chenonceau, le soin de réaliser un premier projet de restauration de la chapelle de Bléré. Ce projet débouche non pas sur des travaux mais sur le classement de la chapelle sur la liste de 1875.


Classement aux Monuments Historiques

 

 

 

 

Photos prises en 1875 lors du classement de la Chapelle par les Monuments Historiques.

Base MERIME

 

 



L’édifice est relevé une nouvelle fois en 1895 par l’architecte en chef des Monuments Historiques Lucien Roy.

Il entreprend la restauration de la chapelle, réalise plusieurs propositions concernant le lanternon et commence la restauration de l'édifice.

Estimant que l'architecte interprète trop à sa manière la restauration du bâtiment, la commission des monuments historiques lui demande de se limiter aux travaux de stricte conservation. 

Courant 1900, Mlle Marie Pellechet, offrit mille francs pour mettre la chapelle, du moins à l'abri des ravages de la pluie et des intempéries. Mais les lenteurs administratives furent cause qu'elle est morte avant que l'argent offert par elle n'ait été utilisé.


Dessins et étude sur la lanterne par Lucien Roy,

Architecte en chef des Monuments Historiques 


Une troisième campagne de relevés est réalisée par l’architecte en chef des Monuments Historiques Alphonse Goubert en 1912 et 1913, lorsqu’il élabore son projet de restauration.

 

Le début de la Première Guerre Mondiale interrompt le chantier en cours.

 

Quelques années plus tard, lors du premier congrès international des architectes et techniciens des monuments historiques à Athènes en 1931, la "Chartre d'Athènes" sera élaborée et deviendra la référence internationale pour la conservation des monuments historiques.



Relevé effectué en 1912 par Alphonse Goubert, architecte en chef des Monuments Historiques


Cartes Postales de la chapelle

Place de la République manœuvres de l'ouest (1908)
Place de la République manœuvres de l'ouest (1908)
La Chapelle de Seigne vers 1911
La Chapelle de Seigne vers 1911
La Chapelle de Seigne vers 1913 lors des travaux de restauration par Alphonse Goubert
La Chapelle de Seigne vers 1913 lors des travaux de restauration par Alphonse Goubert
La Chapelle de Seigne en 1903
La Chapelle de Seigne en 1903
La Chapelle de Seigne vers 1925
La Chapelle de Seigne vers 1925
Le jardin public, la Chapelle de Seigne et le Monument aux Morts
Le jardin public, la Chapelle de Seigne et le Monument aux Morts